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Conclusions de la commission Marois-Filâtre : des rapports qui appellent à la cohérence

mercredi 22 juillet 2009

Vendredi 17 juillet, Daniel Filâtre et William Marois ont remis, aux ministres, de l’éducation nationale, Luc Chatel, et de l’enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, une lettre accompagnée des deux rapports émanant des deux commissions qu’ils présidaient séparément depuis que la parité universitaire s’était retirée de la commission commune.

Le rapport Filâtre fait une place importante à l’analyse des causes du grave conflit universitaire de l’année écoulée. Les ministres doivent tirer les enseignements, en terme de méthode de cette analyse des événements qui ont généré et émaillé ce conflit.

En particulier plusieurs points ressortent comme les enjeux centraux des concertations à venir :

La place du concours

Le rapport Filâtre cite comme à regret, et sans l’étudier plus avant parce qu’elle est écartée d’emblée par choix politique, l’hypothèse d’un concours en fin de licence. C’est cette option, suivie de deux années de formation sous statut de stagiaire, que revendique depuis longtemps le Sgen-CFDT pour parvenir à une formation de niveau master. A défaut, et bien que la commission n’ait pas tranché clairement la place du concours dans ses 15 propositions, le corps du rapport fait émerger clairement la solution d’une admissibilité en fin de M1.

Le rapport Marois s’attache lui à trouver une solution dans le cadre de l’année M2, mais sans apporter de solutions aux difficultés décrites par le rapport Filâtre à propos de cette solution. Le Sgen-CFDT attend que la discussion sur ce point reprenne sur la base de l’ensemble des propositions contenues dans les deux rapports et notamment des points forts et points faibles décrits par le rapport Filâtre.

Unité de la formation

Le rapport Filâtre balance entre l’unité de la formation, affirmée fortement, et la déclinaison longue et précise des déclinaisons selon les spécialités et les types de concours. C’est évidemment une question centrale tant pour la formation que pour les concours. Le Sgen-CFDT réaffirme le caractère fondamentalement cohérent du métier enseignant dont la finalité est la même depuis la petite enfance jusqu’à la sortie du système éducatif : conduire tous les élèves à la réussite. Cela n’implique nullement de nier les spécificités, liées à l’âge des élèves ou à la spécialisation des enseignants, mais le Sgen-CFDT estime essentiel que la réforme définisse clairement ce qui doit être commun à l’ensemble des formations et concours, véritable cœur du métier autour duquel s’articulent les spécificités. Nous proposons de le faire à partir du référentiel de compétences qui doit être actualisé comme le propose le rapport Marois et défini comme pierre angulaire du référentiel de formation proposé par le rapport Filâtre.

Ainsi préservera-t-on, à travers la formation des maîtres, l’unité de la formation des jeunes de la maternelle à l’université, tout en préparant concrètement les enseignants à la pratique de leur métier dans un segment déterminé de ce parcours.

Les stages

Les rapports insistent fortement sur l’intégration des stages dans la formation. C’est une préoccupation essentielle. Il ne faut surtout pas aboutir à un partage de compétences entre le théorique dévolu à l’Université et le pratique confié à l’Éducation nationale. Ce serait un contresens dramatique. Le Sgen-CFDT appuie fermement la démarche, proposée par les deux rapports, d’un cadrage des maquettes de concours. qui rende impossible cette logique de juxtaposition.

La recherche

La dimension recherche telle qu’elle est argumentée dans le rapport Filâtre est la principale amélioration que peut apporter la mastérisation. C’est un enjeu décisif pour la formation des futurs enseignants et bien au-delà dans une période de fort renouvellement du corps enseignant. Parce que c’est un enjeu pour toute notre société, faire ce choix d’une dimension recherche dans la formation est une nécessité pour tous les futurs enseignants et pas seulement pour ceux qui se destinent à un enseignement très spécialisé sur une discipline. Cette ouverture sur la recherche doit être un facteur unifiant de la formation et non un élément de différenciation.

Les bourses

Le rapport rappelle l’objectif impératif de démocratiser l’accès aux métiers de l’enseignement. Il est effectivement central. Il faudra faire les choix budgétaires correspondants et aller au-delà des bourses pour traiter de la question des cotisations sociales et de la durée de la carrière, formation comprise. Ce sont ces éléments qu’abordent de fait les deux rapports quand ils font référence à des prérecrutements, dispositions qui permettraient de pérenniser, de sécuriser et de rendre l’effort consenti lisible pour l’ensemble du corps social.

Devenir des IUFM

Le rapport Filâtre signale qu’il n’a pas pu traiter de cette question malgré l’importance qu’il lui accorde et le rapport Marois s’en remet aux décisions des Universités. Il faudra effectivement clarifier cette question. Au-delà d’une volonté de ne pas connaître à nouveau les conflits de l’année passée, il s’agit surtout de ne pas perdre la somme de compétence et d’investissement au service de la formation des enseignants que recèlent les IUFM. Il faudra donc, au travers de la définition des parcours de formation et des maquettes de concours, de définir les places, rôles et complémentarité des diverses composantes de l’Université. Une réforme utile ne sera pas possible en faisant l’économie de cette question.

Paris, le 20 juillet 2009

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