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Le Recteur propose de limiter le nombre de petites écoles

mardi 8 mars 2011

L’entretien avec le Recteur est joint à cet article avec l’aimable autorisation d’AEF (www.aef.info).

Le
Recteur propose de limiter le nombre de petites écoles

(les propos du Recteur
sont entre guillemets
)

Dans un entretien accordé à
l’agence de presse « AEF », Jean-Louis MUCCHIELLI, notre Recteur,
propose « aux élus locaux de réfléchir à des regroupements
d’écoles sur leurs territoires, pour anticiper les effets de la
baisse démographique mais aussi améliorer les résultats des élèves ».
Dans cette optique il avance un
certain nombre d’arguments :


  1. D’ordre structurel


Il argumente à partir de « la taille
des structures scolaires qui est très en dessous de la moyenne
française, mais aussi des régions comparables ».
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L’entretien avec le Recteur

Les chiffres avancés :


  • Plus de la moitié des écoles
    picardes ont entre une et trois classes, contre quatre sur dix au
    niveau national.

  • 19 % des écoles ont une classe
    unique dans la région, (10 % en France).
  • Le nombre d’écoles ayant plus de
    huit classes est moins élevé en Picardie (10 %) que la
    moyenne nationale (18,5 %).

  • La Picardie possède 2200 communes et
    2100 écoles (ce qui ne signifie pas, contrairement à ce
    qu’affirme le recteur dans l’article, que presque chaque village a
    son école
     !).



  1. D’ordre pédagogique


Les enfants scolarisés dans une
classe unique prendraient du retard par rapport aux autres, ainsi ils ne bénéficient pas, par
exemple, des discussions ou des échanges dans la cour de récréation.
Leurs professeurs, isolés, ne
seraient pas en mesure de monter des projets pédagogiques
.

Au journaliste qui lui demande s’il
existe des études sur la moindre efficience des petites écoles, il
admet que non. Il a ainsi suggéré au Président du Conseil
Économique et Social Régional (CESR) « de se pencher
là-dessus ». Il compte aussi regarder les évaluations en maths et
français et les écarts éventuels de résultats selon la nature de
la structure.

A l’intention de tous (parents,
profs et élèves
) il ajoute que la forte proportion de classes
uniques (ex : 22 % des écoles de la Somme) oblige à fermer
des écoles entières lorsque le nombre d’élèves baisse : cela
provoque un choc supplémentaire.

À l’inverse, « regrouper des écoles
peut créer une dynamique : les jeunes se mélangent, des projets
voient le jour… Quand vous êtes au milieu d’une centaine d’élèves
ou d’une vingtaine d’élèves, votre perception du monde est
différente ».

  1. D’ordre démographique


L’argument démographique n’est
évidemment pas oublié même s’il vient astucieusement en dernière
position. Pour lui nous allons perdre 753 élèves en élémentaire
cette année, aussi propose-t-il aux collectivités territoriales de
prendre les devants en réfléchissant à sa proposition. Il faut
noter qu’il anticipe une poursuite de la baisse du nombre d’élèves
dans les années à venir, et certainement la poursuite de
l’exclusion des 2 ans de la maternelle !

Il rappelle les suppressions de postes
prévues cette année dans le premier degré (112 en Picardie),
mais affirme qu’il n’a pas mesuré les économies possibles d’une
éventuelle restructuration du réseau scolaire !!!

Il conclut en disant qu’il faut
« se donner un horizon, dans une perspective de baisse démographique
et de contrainte budgétaire ».

Qu’en
pense le Sgen-CFDT ?

Si on prend cette intervention du Recteur de l’Académie d’Amiens
dans le contexte politique actuel, on peut dire qu’elle est loin
d’être innocente. Il ne s’agit pas, comme on pourrait le croire à première vue, d’une initiative que l’on peut qualifier de simplement
personnelle. Deux propositions de loi qui viennent d’être déposées
à l’Assemblée Nationale illustrent cela !

(Les 2 lois sur le Café Pédagogique)


  1. Une première loi sur
    les regroupements scolaires


En effet, dans le même temps, des députés, membres de l’UMP, ont
déposé une proposition de loi sur les regroupements scolaires !
Ceux-ci seraient en partie une transformation des RPI présentés
comme des juxtapositions d’écoles avec chacune leur direction, leur
conseil d’école et leur conseil de maîtres. Le nouveau
regroupement pouvant rester réparti comme l’ancien RPI n’ayant
qu’une direction, un conseil, … et bénéficiant du régime de
décharge de direction d’une seule école.

Dans l’exposé de leurs motifs, Frédéric REISS, Jacques GROPERRIN
avec trois autres députés parlent aussi d’amélioration des
apprentissages, …. comme notre Recteur.

Ils n’évoquent pas d’économies
de moyens mais, en-est-il besoin ?


  1. Une seconde loi portant sur la création d’une « École du Socle Commun »

(Les
mêmes députés : Reiss, Le Méner, Grosperrin, Geoffroy et Greff
sont à l’origine de cette loi qui ne comprend que deux articles).



  • Ce qu’elle propose : « À titre expérimental et
    pour une période maximale de cinq ans, peuvent être
    créés des établissements publics du socle commun,
    par arrêté du représentant de l’État
    sur proposition du département, de la ou des communes et, le cas échéant, de l’établissement public de
    coopération intercommunale qui en constituent les
    collectivités de rattachement ».



  • Elle définit sommairement ce qu’est l’école du socle commun : « Les établissements publics d’enseignement du socle commun sont constitués de classes du premier degré et de classes du
    premier cycle du second degré, le cas échéant en
    intégrant les classes d’un collège et d’une
    ou plusieurs écoles élémentaires situées
    dans le secteur de recrutement de ce collège.


  1. Le
    Recteur et un « mini campus du socle commun des compétences »


Quant
au Recteur, et toujours dans son interview, il évoque rapidement
quelque chose qui ressemble à l’École du Socle Commun » en prenant
l’exemple de la création de l’école de la communauté de communes
du Haut-Clocher créée cette année scolaire. Voilà ce qu’il nous
dit : « Sur l’un des sites, l’école est proche du collège, ce qui
crée un mini campus du socle commun des compétences ».



  1. Alors hasard ou non ?

Pour
le Sgen-CFDT, on transforme notre École sans le nécessaire débat
dans la Société !

Ce
qui est sûr c’est que, à petites touches, notre École, est en
train de changer. Ceci se fait via la RGPP (Révision Générale
des Politiques Publiques
), le non-remplacement d’un fonctionnaire
sur deux et la mise en place de mesures sans négociation ni même
discussion. Voir l’exemple récent du dispositif ECLAIR qui introduit
de l’autonomie dans la gestion des établissements et donne, à
terme, un rôle accru aux chefs d’établissement.

Pour
revenir à la définition d’une taille optimale où l’école serait plus efficace, le Sgen-CFDT ne refuse pas
à priori le débat. Au contraire, il aurait toute sa place
dans un vrai débat qui prendrait le temps d’écouter tous
les acteurs et usagers de l’
École
pour faire des propositions constructives et nécessairement
nuancées, soit tout le contraire du pseudo débat sur les
rythmes scolaires organisé par le gouvernement pour faire
diversion à sa politique budgétaire catastrophique et
régressive.

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