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PISA : le redoublement inefficace pour améliorer la performance des élèves

lundi 25 juillet 2011

Les systèmes d’éducation qui pratiquent le redoublement et/ou le transfert des élèves en difficulté vers d’autres établissements ne parviennent pas à améliorer leur performance globale et, dans certains cas, accentuent même les inégalités socio-économiques. C’est le constat publié par l’OCDE le 6 juillet 2011 dans "PISA à la loupe 6" sous le titre : "Redoublement et transfert des élèves : Quel impact pour les systèmes d’éducation ?"

Redoublement et transfert des élèves : Quel impact pour les systèmes d’éducation ?

• Un taux de redoublement élevé peut être coûteux pour les pays.
• Les pays où le taux de redoublement est élevé affichent généralement une performance globale inférieure et une relation plus marquée entre le milieu social et les résultats d’apprentissage que les pays où ce taux est plus faible. Les mêmes tendances s’observent dans les pays où le transfert des élèves présentant de faibles résultats ou des problèmes de discipline est plus fréquent.
• Les pays où les possibilités de transfert des élèves sont moins nombreuses prennent différemment en charge les élèves en difficulté, par exemple en renforçant la responsabilité des établissements dans le choix des programmes et des évaluations.

Les systèmes d’éducation font face de différentes façons au défi de la diversité des effectifs scolarisés. Certains pays adoptent un système d’éducation global non sélectif qui vise à garantir l’égalité des chances dans l’apprentissage pour l’ensemble des élèves, laissant aux établissements et aux enseignants le soin de gérer la diversité des besoins des élèves. D’autres pays regroupent les élèves, que ce soit dans d’autres établissements ou d’autres classes au sein même des établissements, de façon à les prendre en charge selon leur potentiel académique, leurs intérêts et/ou leur comportement. Le redoublement des élèves peu performants ou le transfert vers un autre établissement des élèves présentant de faibles résultats ou des problèmes de discipline sont, à cet effet, deux pratiques courantes de regroupement.
Le redoublement est une pratique très fréquente dans certains pays…
D’après les résultats de l’enquête PISA 2009, en moyenne, dans les pays de l’OCDE, 13 % des élèves de 15 ans indiquent avoir déjà redoublé au moins une fois : 7 % au cours du primaire, 6 % au cours du premier cycle du secondaire et 2 % au cours du deuxième cycle du secondaire. Plus de 97 % des élèves déclarent toutefois n’avoir jamais redoublé en Finlande, en Islande, au Royaume-Uni et en Slovénie et, dans les pays et économies partenaires, en Azerbaïdjan, en Croatie, au Kazakhstan, au Monténégro, en Serbie et au Taipei chinois ; en Corée, au Japon et en Norvège, le redoublement est même inexistant. Par contraste, plus de 25 % des élèves indiquent avoir déjà redoublé en Belgique, en Espagne, en France, au Luxembourg, aux Pays-Bas et au Portugal et, dans les pays et économies partenaires, en Argentine, au Brésil, en Colombie, à Macao (Chine), au Panama, au Pérou, à Trinité-et-Tobago, en Tunisie et en Uruguay.
… mais il a un coût.
Le redoublement des élèves engendre des coûts, notamment le financement d’une année supplémentaire de formation pour l’élève, mais aussi le coût pour la société de retarder d’au moins un an l’entrée de cet élève sur le marché du travail. Parmi les pays qui pratiquent le redoublement et qui disposent de données pertinentes, l’Islande et la Slovénie affichent un coût du redoublement par groupe d’âge très faible, de l’ordre de 0.5 % ou moins des dépenses annuelles nationales au titre de l’enseignement primaire et secondaire. Après conversion de ce coût en coût unitaire, son montant ne dépasse pas 500 USD par élève de 15 ans. En Belgique, en Espagne et aux Pays-Bas, ce coût représente 10 % au moins des dépenses annuelles nationales au titre de l’enseignement primaire et secondaire, et le coût unitaire peut atteindre, voire dépasser, 11 000 USD par élève.
Ces estimations se basent sur l’hypothèse selon laquelle le premier cycle du secondaire est le niveau de formation le plus élevé atteint par les élèves redoublants. Pour des niveaux de formation plus élevés, les coûts seraient encore plus importants.
Si les pays doivent payer un prix aussi élevé pour le redoublement, en bénéficient-ils au moins en termes de performance globale et d’équité ? Les résultats du cycle PISA 2009 montrent que les pays affichant un taux de redoublement élevé sont également ceux où les élèves sont les moins performants. Environ 15 % de la variation de la performance entre les pays de l’OCDE sont imputables aux écarts de taux de redoublement ; la relation entre le milieu socioéconomique des élèves et leur performance est également plus marquée dans les pays affichant de forts taux de redoublement, indépendamment du niveau de richesse nationale.
Le transfert des élèves vers d’autres établissements…
Le transfert des élèves vers d’autres établissements en raison de faibles résultats scolaires, de problèmes de discipline ou de besoins pédagogiques spécifiques constitue un autre moyen pour les systèmes d’éducation de regrouper les élèves. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 18 % des élèves fréquentent un établissement « très susceptible », selon son chef d’établissement, de transférer des élèves pour ces raisons. En Australie, en Finlande, en Irlande, en Islande, en Norvège, en Nouvelle-Zélande, au Portugal et au Royaume-Uni et, dans les pays partenaires, au Liechtenstein et à Singapour, moins de 3 % des élèves sont dans ce cas ; à l’inverse, en Autriche, en Belgique, en Grèce et au Luxembourg et, dans les pays et économies partenaires, en Colombie, en Indonésie, en Jordanie, à Macao (Chine), au Qatar et en Roumanie, plus de 40 % des élèves sont dans ce cas.
L’enquête PISA 2009 révèle que les pays où le transfert des élèves pour les raisons susmentionnées est plus fréquent font état d’une performance globale moins élevée. En effet, plus d’un tiers de la variation de la performance des élèves entre les pays est imputable aux taux de transfert pratiqués par les établissements, indépendamment du niveau de richesse nationale.
Les systèmes d’éducation où le transfert des élèves est plus fréquent ont également tendance à afficher une relation plus marquée entre le milieu socio-économique des élèves et leur performance, ainsi qu’une variation plus forte de la performance entre les établissements, même après contrôle du niveau de richesse nationale. Ce constat suggère que le transfert des élèves tend à favoriser une ségrégation socio-économique au sein des systèmes d’éducation, encourageant la concentration des élèves issus d’un milieu favorisé dans les établissements les plus performants et des élèves issus d’un milieu défavorisé dans les établissements les moins performants. Toutefois, cette tendance ne signifie pas nécessairement que si les pays mettent fin à leurs politiques de transfert, leur performance s’en verra automatiquement améliorée ; l’enquête PISA ne permet pas de mesurer les relations de cause à effet.

… n’est pas la seule façon de répondre à la diversité des effectifs d’élèves.
Les établissements qui n’ont pas la possibilité de transférer les élèves font face différemment à la grande diversité des compétences, potentiels et intérêts de leurs élèves. Ainsi, dans les pays affichant de faibles taux de transfert, les chefs d’établissement ont tendance à déclarer que leurs établissements sont davantage responsables de la définition des politiques d’évaluation, du choix des cours et de leur contenu, ainsi que du choix des manuels scolaires, soit autant d’autres façons de répondre à l’hétérogénéité des effectifs d’élèves. Dans les pays de l’OCDE, 20 % de la variation du taux de transfert des élèves sont imputables au degré de responsabilité des établissements dans le choix de leurs programmes et de leurs politiques d’évaluation
Ces résultats laissent penser que, de façon générale, les systèmes d’éducation qui cherchent à répondre à la diversité des besoins des élèves en faisant redoubler ou en transférant vers d’autres établissements les élèves en difficulté ne parviennent pas à améliorer leur performance globale et, dans certains cas, accentuent même les inégalités socio-économiques. Les enseignants de ces systèmes peuvent être moins incités à aider les élèves en difficulté s’ils savent qu’il est possible de les transférer vers d’autres établissements. Ces systèmes d’éducation doivent s’attacher à créer les encouragements adéquats afin de s’assurer que certains élèves ne soient pas « exclus » du système.

Pour conclure
Certaines politiques visant à regrouper les élèves selon leur potentiel académique, leurs intérêts ou leur comportement, telles que le redoublement ou le transfert des élèves vers d’autres établissements, peuvent être coûteuses pour les systèmes d’éducation, tout en n’étant généralement pas associées à une amélioration de la performance des élèves ou à un renforcement de l’égalité des chances dans l’apprentissage.

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