> Université, Crous, IUFM > CROUS > CROUS : externalisation/privatisation de services en vue !

CROUS : externalisation/privatisation de services en vue !

samedi 21 janvier 2012

"EXTERNALISATION"
Compte-rendu de l’audience du 12 janvier avec la direction.

Suite à notre demande, le Sgen-CFDT a été reçu par la direction pour obtenir des explications sur le projet d’externalisation d’une des résidences conventionnées. Nous avons d’abord confirmé notre opposition à toute privatisation. Nous avons réaffirmé les valeurs qui sont les nôtres, sur notre mission de service public, visée au décret 87.155 du 5 mars 1987 portant organisation des œuvres universitaires et scolaires.

Ensuite, nous avons fait part de l’incompréhension de tous nos collègues à propos des politiques menées jusqu’à maintenant. Ils ne comprennent pas que la seule variable d’ajustement soit la réduction de la masse salariale pour l’équilibre des finances.

Nous rappelons d’abord que les personnels sont passés par plusieurs phases :

  • Le redéploiement suite aux 35 heures et à la création de nouvelles unités de gestion.
  • Le plan de redressement de 2003.
  • Les projets d’établissement mobilisant de manière très forte nos fonds propres malgré nos difficultés financières.

Tout ça a contribué à faire régresser nos conditions de travail ; c’est le moins qu’on puisse dire !
Alors aujourd’hui nous sommes tout à fait opposés à « faire faire », par une entreprise extérieure, notre travail.
Notre mission est d’accompagner les étudiants parfois déstabilisés quand ils arrivent chez nous, dans leurs études en leur apportant un soutien psychologique. Un étudiant est une personne qui nous est confiée par sa famille, ce n’est pas un locataire comme les autres. Et ça, c’est notre travail qu’on maîtrise et qui est par ailleurs réaffirmé dans « le projet de réseau 2020 ».

L’externalisation de services.

Le directeur explique d’abord le projet d’externalisation du ménage à la résidence Charles de Gaulle. Actuellement l’emploi d’une femme de ménage à temps plein pour la résidence coûte 26 000€ (annuel) au Crous et le passage au privé reviendrait à 6 300€ (annuel). De plus, le travail rendu par le privé serait de meilleure qualité grâce au matériel performant qu’il utilise. Ainsi, le rez-de-chaussée serait fait 3 fois par semaine et chaque étage une fois. Le garage serait lui aussi nettoyé 2 fois par an contre aucune actuellement. Ce sera effectif au 1er février 2012.
Serait aussi mis à l’étude l’emploi de l’entreprise privée pour la remise en état de certaines chambres, laissées en mauvais état, lors du départ de l’étudiant.
A la question du Sgen-CFDT de savoir si d’autres projets d’externalisations sont en cours, la réponse a été que non. Le directeur n’en fait pas sa religion. Il se présente comme pragmatique : s’il compte passer des services au privé c’est uniquement pour sauver le Crous et son cœur de métier : l’accueil de l’étudiant que les personnels actuels rendent fort bien, ce qu’on ne peut attendre du privé. Pour lui il faut savoir céder du terrain pour garder l’essentiel.
Concrètement, aujourd’hui d’autres transferts au privé ne sont pas à l’ordre du jour mais ce sera possible dans l’avenir. Les personnels concernés ne seront pas licenciés mais reclassés dans d’autres postes. Ainsi, la collègue de Ch. De Gaulle sera reclassée.
Le directeur affirme que si ça devait se faire ailleurs, il attendra les départs en retraite des agents concernés. Par exemple, les bureaux du siège seront externalisés quand l’agent partira.
Il y a eu des études de faites pour le transfert au privé des résidences : St Pierre, St Firmin, Drouot, etc... mais elles ne seront pas concernées car le prix demandé par le privé est trop élevé. Ce sont des résidences trop petites pour qu’une entreprise privée puisse y rentabiliser ses machines. De manière générale, l’emploi du privé dans les résidences traditionnelles n’apparaît pas rentable.

Pourtant la privatisation n’est pas une garantie de progrès d’après des études.

Le Sgen-CFDT a rappelé que, dans les grandes entreprises françaises qui ont externalisé, on retrouve à chaque fois les mêmes motivations : diminuer les coûts, recentrer sur les métiers d’origine, améliorer le service rendu, rechercher un savoir-faire extérieur. Mais on observe des inconvénients importants : une entreprise à 2 vitesses, perte de substance, perte de cohérence et de cohésion, moins grande adaptation aux spécificités et besoins de l’entreprise, gestion à court terme, éclatement de la communauté de travail, émiettement de l’entreprise, affaiblissement des fonctions externalisées, et enfin perte d’énergie dans les efforts de contrôle des structures externalisées.
Ainsi le Sgen-CFDT donne l’exemple de Toulouse où le Crous a repris la gestion du ménage au privé. A cela le directeur répond que l’entreprise choisie à Amiens répond à toutes les garanties de sérieux.

Professionnalisation et formation !

Le directeur adjoint intervient pour dire qu’une solution serait de « professionnaliser » les agents du Crous. Il est prêt à investir dans du matériel performant et la formation qui va avec. Pour le directeur la formation est importante, dès l’embauche, afin que les agents ne s’esquintent pas la santé par des positions de travail inadéquates et l’usage de matériels peu performants.
Ça surprend les collègues du Sgen-CFDT qui dans le passé se sont vus refuser des demandes allant dans ce sens. Le directeur adjoint précise par ailleurs que dans certains lieux, des machines dorment dans les placards.

L’ouverture 12 mois sur 12.

Le Sgen-CFDT fait part de sa perplexité sur l’intérêt d’ouvrir l’année entière sans discontinuer. L’été peu de chambres seront occupées et ça rendra plus difficile les « grands » nettoyages ainsi que l’établissement des « calendriers » annuels de travail..
Le directeur répond que là où ça s’est fait (Versailles où il était avant), effectivement au début ça n’était pas rentable mais qu’au bout de 3 à 5 ans des étudiants ont pris l’habitude de garder leur chambre pendant les grandes vacances. Selon lui ça répond à un désir de conserver pendant la durée de ses études le même lieu de résidence. D’ailleurs le CNOUS demande désormais les taux de remplissage sur 12 mois des résidences.
Pour le directeur, il faut trouver des recettes. Ainsi il faut que les chambres soient plus occupées qu’elles ne le sont aujourd’hui tout en continuant d’accueillir des groupes pendant les vacances d’été.

A qui vont profiter les économies réalisées par l’externalisation ?

Le Sgen-CFDT demande qu’elles servent à améliorer les conditions de travail, voire à embaucher des ouvriers, car le personnel vieilli et est fatigué. La réponse du directeur ne va pas dans ce sens. Il explique que la productivité du Crous d’Amiens est la plus faible de France (métropolitaine) avec 0,85€ retrouvé pour 1€ dépensé, quand nombres d’autres sont à 1€ pour 1€ !
Le personnel ouvrier du Crous est payé sur fond propre aussi il est impossible actuellement d’embaucher de nouvelles personnes sous peine de rencontrer de grosses difficultés financières.
Il faut faire des recettes supplémentaires et dans cette optique, le directeur a décidé d’embaucher un coordinateur sur la restauration afin que le Crous distribue dans l’avenir sensiblement plus de repas qu’aujourd’hui. Il faut augmenter le nombre de repas et l’embauche viendra après.

Pour le Sgen-CFDT, les recettes repartiront si, et seulement si, les équipes se sentent bien au travail pour donner le maximum d’elles mêmes. Aujourd’hui avec le nombre de postes gelés et la quantité d’arrêts maladie très importante, la situation reste préoccupante quant à la reprise de l’activité. Nous ne pouvons plus demander d’efforts supplémentaires aux agents compte-tenu de leur âge et de leur fatigue.

Répondre à cet article




mieux vu avec Firefox