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RYTHMES SCOLAIRES : pas de réforme sans repenser l’organisation du travail

mercredi 17 octobre 2012

Les choix de Vincent Peillon pour la loi d’orientation et de programmation, présentés aux organisations syndicales les 15 et 16 octobre, confirment la priorité que le gouvernement accorde au premier degré.

Cela se traduit par des créations de postes et la reconnaissance explicite du principe « Plus de maîtres que de classes ». Cette revendication historique du Sgen-CFDT devrait permettre d’inventer et de mettre en œuvre des pratiques pédagogiques différenciées au service de la réussite des élèves.

Par ailleurs, le retour à une semaine de 9 demi journées revient sur une mesure emblématique du gouvernement précédent, dénoncée par tous à l’époque, organisations syndicales et parents d’élèves. Cette décision positive a néanmoins deux inconvénients :
– Elle accroît le temps de présence des enseignants face à la classe entière ;
– Elle supprime complètement l’aide personnalisée qui permettait un travail individualisé avec les élèves les plus fragiles.

La dénonciation, par certaines organisations syndicales, de l’Aide Personnalisée elle même, au delà des conditions de sa mise en œuvre, a malheureusement conduit à renoncer à une approche pédagogique nouvelle qui devrait, au contraire, être l’une des dimensions innovantes de la refondation. La nécessité du moment est donc de l’intégrer au temps scolaire et d’en ouvrir l’accès à tous les élèves qui en ont besoin.

Le Sgen-CFDT n’acceptera pas que le retour à une semaine de 4,5 jours se traduise par une dégradation des conditions de travail des personnels. Il demande donc que cette réforme s’accompagne de contreparties réelles, avec notamment :
- une formation continue sur le temps de travail,
- et le rétablissement de la possibilité de travail en effectifs réduits pour poursuivre et développer la diversification des pratiques pédagogiques.

Enfin, le Sgen-CFDT revendique pour les personnels du premier degré une rémunération égale à celle de leurs collègues du second degré. Cela implique :
- qu’ils perçoivent l’ISOE, [1] (1200 euros par an)
- et que leur taux d’accès à la hors classe soit élevé au niveau des corps équivalents (2% actuellement chez les PE contre 5% chez les CPE et 7% pour les enseignants du 2nd degré).

Le Ministre annoncera à la fin de la semaine le calendrier de travail et l’agenda social aux organisations syndicales. Le Sgen-CFDT prendra toute sa place dans ces discussions pour y porter ses revendications au service des personnels et de la transformation de l’école.

Sur le site du Sgen-CFDT 65

Nos collègues pyrénéens ont mis en ligne des réactions, à chaud, de profs des écoles suite aux propositions ministérielles. On peut les lier ici.

Interview de Thierry Cadart par François Jarraud (Café Pédagogique) le 15 octobre 2012

Un article de ToutEduc

Lu sur le site de l’agence de presse ToutEduc mercredi 17 octobre

Les enseignants du 1er degré "paient au prix fort" la réforme des rythmes scolaires.

"En donnant la priorité à l’école primaire, Vincent Peillon a eu raison. Mais les enseignants se sentent sacrifiés à cette cause. Il ne faudrait pas qu’ils se sentent rejetés, voire maltraités." avertit Christian Chevalier, secrétaire général du SE-UNSA, pour qui les propositions du gouvernement sur les rythmes scolaires font peser sur les enseignants le prix de la réforme. En cause, la transformation d’une heure de travail en petits groupes (l’aide personnalisée) en une heure devant la classe entière (l’aide aux devoirs), selon Christian Chevalier. En outre, la suppression de l’aide personnalisée pour les élèves en difficulté priverait les enseignants d’un outil pédagogique.

Invité aujourd’hui par l’AJE [2] à rendre compte des deux jours de consultations des syndicats au ministère, il souligne que "Vincent Peillon est habile pour désarmorcer les conflits". Cependant, le syndicat considère qu’il serait plus judicieux de continuer à travailler en petits groupes pendant ces heures, tandis que les autres élèves seraient pris en charge par les collectivités territoriales. Le ministre aurait d’ailleurs pris en compte le désaccord de SE-UNSA sur ce sujet et les modalités d’utilisation de ces heures restent ouvertes à la négociation. "Le problème c’est que, comme l’a dit le ministre, les collectivités territoriales sont ’puissantes et influentes’, les familles aussi. Mais il ne faudrait pas oublier les enseignants", souligne Christian Chevalier.

Thierry Cadart, du SGEN-CFDT, fait remarquer que "le retour en classe le mercredi matin représente un effort". Les syndicats demandent des compensations financières, des perspectives de carrière, etc., que le budget ne prévoit pas."Les enseignants du 1er degré sont les oubliés du système."

A ce sujet, le SNUIPP, qui n’était pas présent lors de cette réunion, a publié aujourd’hui un communiqué intitulé "Rythmes scolaires, il faut revoir le scénario"

Par ailleurs, ces 30 minutes posent également problème en maternelle, où il n’y a pas de devoir. Autre inconnue : comment s’organiseront les nouvelles activités sportives et culturelles ? Tout n’est pas bouclé ! comme le note le secrétaire général de SE-UNSA.

Le ministre a fait des propositions orales aux syndicats pendant ces deux jours de discussions, mais il ne leur a pas montré le projet de loi. Il a promis des modifications sur quelques points et devrait leur présenter le document vendredi 19 octobre.

Concernant les RASED, "Vincent Peillon attend un rapport de l’inspection générale pour repenser le dispositif, qui était absent dans la concertation. Leur expertise est néanmoins indispensable sur le traitement des élèves en difficulté, comme celle des psychologues et des rééducateurs."

Pour Roland Hubert, secrétaire général du SNES, la territorialisation de l’orientation pose problème sur la question des COP [3] : "nous resterons vigilants concernant la convention entre le rectorat et la Région et la répartition du temps de travail entre les différentes missions du COP."

En revanche, il y a consensus sur la création d’une instance d’évaluation indépendante, à condition qu’elle n’accueille pas de parlementaires, et d’un Conseil des programmes.

Les trois syndicats font remarquer que l’organigramme du ministère n’a pratiquement pas changé et les technocrates sont les mêmes que sous Chatel. Si les relations sont bonnes avec le cabinet et la DGRH, c’est le "silence radio" pour la DGESCO. Et, au niveau de l’administration territoriale (rectorats, inspections), "on ne voit pas de changement". Il faut que le ministre impulse une orientation pour que les choses bougent sur le terrain.

Thierry Cadart exprime son mécontentement au sujet de la gouvernance. "Nous n’attendons pas forcément des résultats pour la rentrée 2013 mais il faut avancer. Les établissements doivent être plus autonomes pour octroyer davantage de marge de manœuvre aux équipes pédagogiques."

Enfin, s’il y a consensus sur la nouvelle appellation et l’existence d’un socle commun "des compétences, des connaissances et de la culture", ce socle reste à définir. "Il ne faut pas que l’enseignement porte sur le socle dans les territoires en difficulté et que les autres élèves bénéficient d’un programme plus complet ailleurs", souligne Roland Hubert. "Donc, nous connaissons la marche à suivre. Il faut d’abord définir les compétences, puis reconstruire les programmes sur cette base. Les collègues sont encore réticents concernant l’évaluation des compétences. Il faudra revenir plus en détail sur ce point."

Sur le même sujet : ici et .

Notes

[1] Indemnité de Suivi et d’Orientation des Élèves

[2] Association des Journalistes de l’Éducation

[3] Conseillers d’Orientation Psychologues

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